Le Raku

Un bol traditionnel XVIe Siècle Raku du potier Chōjirō, fondateur du style raku-yaki.

Le Raku occidental
Une danse moderne entre les éléments

Le Raku est né au Japon au XVIᵉ siècle, dans le contexte très particulier de la cérémonie du thé. Les potiers façonnaient des bols simples, aux formes irrégulières, qu’ils cuisaient rapidement dans de petits fours à bois. Ils en retiraient les pièces incandescentes et les plongeaient dans un matériau inflamable. Puis, une fois enfumées, ils les laissaient refroidir à l’air ou dans l’eau. Ce geste qu’ils voulaient humble et poétique, incarnait l’esthétique wabi-sabi, une philosophie de l’imperfection, de la simplicité et de l’instant. Une philosophie Zen.

Après la seconde guerre mondiale, la technique du Raku a voyagé jusqu’en Occident, non pas en appropriation culturelle (la cérémonie du thé reste japonaise), mais dans l’Art, l’Expression et l’Expérimentation.

Une technique libre et expérimentale

Dans les années 1960, aux États-Unis, un céramiste du nom de Paul Soldner découvre la technique Raku et y introduit un geste inattendu : après la sortie du four, il plonge ses pièces brûlantes dans des matériaux combustibles — copeaux de bois, journaux, paille. En se consumant, ces matières enveloppent les pièces de noir de fumée, provoquant des craquelures noires, des effets métallisés et des textures parfois imprévisibles. Le Raku occidental est né. Cette méthode, spectaculaire et sensorielle, s’est rapidement répandue en Europe. Elle a séduit les céramistes en quête de liberté, d’expression et d’alchimie.

Une alchimie des quatre éléments

Le Raku occidental est un dialogue vivant entre la terre, le feu, l’air et l’eau :
La terre, façonnée à la main, souvent chamottée pour résister au choc thermique.
Le feu, vif, direct, cuisant les pièces à 950°C dans un four à gaz ou à bois.
L’air, qui accueille la pièce incandescente, créant les premières craquelures de l’émail par choc thermique.
L’eau, qui scelle les contrastes et fait naître les motifs au rinçage.
Chaque pièce est unique, marquée par l’instant.

Une esthétique du vivant

Le Raku occidental n’est pas une simple technique : c’est une manière de faire avec le vivant. Il ne cherche ni la perfection ni la maîtrise totale. Il célèbre l’accident heureux, la matière brute, l’émotion du moment. C’est un art de la présence, une écoute des éléments.

LA terre

Matière brute que l’on façonne avec délice. Souvent, on se laisse plus guider que l’on ne guide nos mains.

La terre humide est l’élément primaire, principal, primmordial.

l’émaillage

Colorer, texturer, imperméabiliser … cette poudre blanche transformée en fine pellicule de verre révèlera tout l’art du Raku.

L’émail est la pierre angulaire du Raku occidental

l’enfumage

Sorties du four, encore incandescentes, les pièces sont déposées délicatement dans nos herbes aromatiques sèches.

Subtilement, avec les plantes sèches des hydrolats, l’enfumage révèle le Raku.

le lavage

Les pièces froides, un lavage scrupuleux doit être effectué. La suie laisse place aux couleurs et craquelures.

La terre nue s’est nourrie de fumée. Elle est ébène et luisante. L’émail, choqué, est craquelé.

Chez Tha Yird, nous perpétuons cette tradition libre et joyeuse.

Nous vous invitons à entrer dans cette danse, à sentir la chaleur du four, à écouter le craquement de l’émail, à regarder naître sous vos yeux une pièce unique, précieuse, fragile (mais pas trop).